ACCUEIL
HISTOIRE
L'église

Eglise Saint Barthélémy

Il est difficile de connaître l'histoire de Beauvoir.

Ce village n'apparaît pas sur les listes établies vers 596 par Aunaire et en 692 par Tétrice, tous deux évêques d'Auxerre, qui recensant les paroisses de leur diocèse afin que soient dites des prières pour la paix.

Donc, à la fin du VIIème siècle, si Beauvoir comptait quelques masures (c'était le terme employé à l'époque), il n'était pas paroisse.

Selon Lebeuf, historien d'Auxerre, la paroisse est attestée depuis   1215, ce qui ne signifie pas qu'il n'y avait pas un lieu de culte avant cette date, mais nul registre n'en fait état.

Vraisemblablement, Beauvoir a dû faire partie des possessions de Saint Germain qui, à sa mort en 448, en a fait don à son église cathédrale.

Comme un certain nombre de villages du sud d'Auxerre, il est ensuite passé dans le domaine du Chapitre de la cathédrale et ce jusqu'à la Révolution.

Quant aux registres paroissiaux, il n'en existe aucun avant 1670.

Cependant, par les comptes du doyen né de Puisaye, on sait qu'en 1302 Beauvoir compte 206 feux et qu'Epinoy est une deuxième paroisse.

Une église existe donc au début du XIIIème siècle, église qui a été remaniée au cours des siècles.

Située au lieu-dit " le Fort " face au " Pré Seigneur " elle fut, au XVIème siècle, comprise dans un ensemble de constructions faisant corps avec l'enceinte entourée d'un fossé et dotée d'un pont-levis.

On avait en effet, au XVI siècle, invité les paroisses à se fortifier et   Beauvoir s'était exécuté en l 584.Beauvoir eut à souffrir des Guerres de Religion comme toute la vallée d'Aillant.

Après la promulgation de l'Edit de Nantes, en  1598, la vallée se trouve complètement ruinée. Les reconstructions se font en utilisant les pierres des murailles qui se sont révélées de piètres défenses face au nouvel armement.

Description de l'église

Extérieur

L'église est consacrée à St Barthélémy.

Elle se situe dans un très joli cadre.

 Récemment restaurée, 1999-2000, elle est maintenant éclairée depuis décembre 2002.

Les murs, faits d'un blocage de grès et de calcaire, sont recouverts d'un enduit ocré très clair.

La façade plate est épaulée par deux contreforts en biais.

Le portail

 Les pieds droits, chanfreinés, sont ornés d'une petite mouluration à la base et à la partie supérieure.

Un beau tore plein cintre encadre le tympan.

Mur sud

Dans le mur sud s'ouvrent une petite porte surmontée d'un arc à contre-courbe, et des baies en tiers-point.

La sacristie est coiffée d'une toiture en appentis.

Au niveau du chevet, légèrement débordant, la corniche à section arrondie est soulignée par un cordon de modillons non sculptés.

Abside

L'abside plate est épaulée par deux contreforts en angle et un central.

Elle est coupée, au niveau des rampants par une sorte de larmier.

Elle avait autrefois deux ouvertures plein cintre, aujourd'hui murées, mais les pierres de taille de l'entourage ont été laissées apparentes.

Mur nord

Le mur nord n'a que trois ouvertures, trois baies aux formes variées : celle de l'est en arc brisés la seconde très petite, la derniers tréflée.

La toiture

Couverte de petites tuiles, elle s'appuie sur des solives bien visibles.

Le clocher

De forme octogonale, à deux étages, il est couvert d'ardoise.

La flèche, est surmonté d'un coq tout neuf puisque remplacé en 2001.

(L'ancien coq est conservé à la mairie);

Ce clocher abrite une cloche inscrite, datée de 1604 : Barthélémy, Louis, Quentin : le nom des personnages qui se trouvent sur le retable.

Intérieur

Nef:

C'est une nef unique de 25 mètres sur environ 6,50 mètres

 Elle est difficile à dater.

Les périodes et années avancées sont :

Fin XIIIème siècle,

Avec des reprises au XVème et au XVIème ,

Un agrandissement au XVIIème,

Une restauration en  1876 et une autre en l 972.

Cependant certains détails, en particulier l'ébrasement des baies, évoqueraient une construction XIIème.

Voûte

En berceau brisé, elle s'élève à un peu plus de 10 mètres.

Des extraits et poinçons de forte section en assurent la stabilité.

La voûte a été refaite il y a une trentaine d'années.

La technique utilisée fut une projection de plâtre très compact sur une sorte de treillis avec lequel on avait doublé la voûte primitive.

A la belle charpente apparente du clocher, s'accole un escalier de bois très raide.

L'épaisseur des murs est mise en relief par l'ébrasement des ouvertures, en particulier celui de la petite fenêtre du côté nord.

Au sud, deux baies sont dotées de verres colorés formant une croix dans un encadrement.

La chaire, très simple, appuyée contre le mur nord, a été remise à neuf en 1880.

Elle est faite de panneaux moulurés.

L'abat-voix est orné de la colombe du Saint Esprit qui, le jour de la Pentecôte, donna aux apôtres le don de la parole.

Autour des années 1840, la Fabrique, c'est-à-dire l'assemblée en charge de l'administration matérielle de l'église a fait refaire des bancs neufs.

On a ensuite procédé à la criée des places, les meilleures étant données aux plus offrants.

Cette location rapporta plus que le prix de revient des bancs, et il fut possible d'acheter de la lingerie de culte : une chasuble, un rochet en toile (surplis à manches étroites), deux robes d'enfant de chœur.

Il est possible que le banc situé à l'entrée, sur le côté nord, soit un banc d'oeuvre c'est-à-dire destinés aux fabriciens et autrefois situé face à la chaire.

La nef se termine par un rétrécissement à l'entrée du chœur,

Il y avait, à l'origine, deux autels secondaires néo-gothiques à l'extrémité de la nef de chaque côté de cette entrée.

L'un sert de nouveau maître-autel, l'autre a récemment été remplacé par un chapier, meuble aux vastes tiroirs où l'on entrepose les vêtements sacerdotaux, dont les chapes.

L'autel nord était dédié à la Vierge : Statue de la Vierge écrasant le serpent de ses pieds nus : la Nouvelle Eve rachète le péché de la première Eve.

L'autel sud était dédié à Saint Jean.

Statue d'un Saint Jean, très jeune, à la longue chevelure, tenant un crayon et un rouleau symbolisant son évangile. L'aigle est à ses pieds.

Ces deux statues sont peintes en gris avec des rehauts d'or.

Saint Jean se trouve sur un support XIXème siècle en pierre qui, vraisemblablement, était d'anciens fonts baptismaux.

En effet, de forme octogonale, ce pied mouluré s'évase à la partie supérieure sculptée d'un ruban enroulé en volutes autour d'un jonc circulaire. Ce motif est d'ailleurs identique à celui de la cuve des fonts baptismaux de Toucy.

D'autre part, il est fait état, à la Conservation des Antiquités et Objets d'Art à Auxerre, de fonts baptismaux XIXème siècle qui se trouvaient dans l'église de Beauvoir.

Deux chromos représentent le Sacré Cœur, d'un de Jésus, l'autre de Marie.

La dévotion au Sacré Cœur est ancienne, mais elle s'est développée au XVIIême siècle.

Au sud, près de St Jean, une bannière de soie était celle de la Confrérie de la Vierge.

La Vierge est représentée vêtue de son manteau bleu mais, ce qui est assez rare, elle ne porte pas de voile.

Cette bannière est en mauvais état, mais la restauration en serait extrêmement coûteuse.

Chœur

L'entrée du chœur se rétrécit pour faire une sorte d'arc triomphal.

Sur le poinçon, se détache un petit Christ, de couleur argentée.

Les bras assez resserrés évoquent un Christ janséniste qui symbolisait ainsi le petit nombre d'élus.

Cependant, la vallée de l'Aillantais n'a pas été touchée par le Jansénisme, si ce n'est à Sommecaise, et ce à l'inverse de la Puisaye du sud.

On peut voir une corniche travaillée dans le rétrécissement :

à gauche, des doubles cercles,

à droite des ove surmontées d'un feston en creux.

Le chœur dont l'entrée est rétrécie est cependant un peu plus large que le vaisseau central, comme il est apparu à l'extérieur.

Il est éclairé par quatre baies, aux verres transparents, au réseau de plomb losangé.

Quant au nouveau maître autel, néo-gothique il a perdu sa partie haute qui se trouve dans la sacristie.

Le devant d'autel est une arcature trilobée dont les arcs retombent sur de petits pilastres.

Aux deux angles, une colonne octogonale est coiffée d'un chapiteau avec une sorte de pendentif.

Les stalles, installées le long des murs nord et sud du chœur, sont de simples bancs de bois avec bras et dossiers, achetés par la fabrique en 1880.

Dans le sanctuaire, le retable XVIIème, classé est imposant.

Il est fait de pierre et de bois peint en faux marbre vert veiné et rouge veiné.

Les colonnes jumelées ont des chapiteaux dorés d'inspiration corinthienne, et de chaque côté, des volutes se terminent en palmes.

Les chapiteaux sont surmontés de têtes de chérubins.

Le fronton coupé, décoré de denticules (voir Lalande), encadre la statue du saint patron, Barthélémy.

Le tabernacle de marbre rouge, dont la porte est ornée d'un petit nœud sculpté, repose       sur une table de marbre noir.

La toile centrale, classée, datée du XIIIème siècle, présente trois personnages.

St Louis couronné, vêtu d'un manteau à fleurs de lys, tenant le sceptre et la main de justice,

 St Barthélémy, le personnage central, avec, à la main, le couteau de son martyre.

Selon la légende, Saint Barthélémy, l 'un des douze apôtres, serait mort écorché vif.

En conséquence, il est le patron des bouchers, des tanneurs et des relieurs.

St Quentin, patron secondaire de l'église.

Saint Quentin, Romain d 'origine, aurait été martyrisé au IIIème siècle dans la ville portant son nom.

  Avant de le décapiter, on lui aurait enfoncé des broches dans le corps, c'est pourquoi il est parfois  confondu avec Saint Sébastien, toujours représenté percé de flèches.

Cependant la Vita de ce saint est un document sans valeur historique.

De chaque côté du retable se trouve une toile, toutes deux inscrites et datées du XVIIIème siècle : à gauche un Saint Jean-Baptiste, avec l'Agneau Pascal

 A droite, une Vierge de l'Assomption assise sur des nuages d'où émergent trois têtes d'anges ailées.

Au-dessus de la porte de la sacristie, un Saint Augustin en plâtre polychrome tient sa crosse d'évêque et présente le Sacré Cœur.

Le Chemin de Croix se compose d'une succession de petits tableaux de plâtre sur fond doré entouré d'une architecture plein cintre.

Ce Chemin de Croix fut acheté par la Fabrique et la Confrérie de la Vierge en  1898

L'église de Beauvoir, bien mise en valeur par sa restauration et son cadre verdoyant, est magnifiquement éclairée le soir.

Elle mérite donc deux visites, une de jour et une autre à la tombée de la nuit.